Avec ses faibles 550 millimètres de précipitations par an, essentiellement d’octobre à février, Malte est une destination qui réjouit par son ciel bleu toute l’année et ça peut poser problème. Son climat méditerranéen semi-aride signifie l’absence quasi-totale de pluie de mai à septembre. Seulement voilà, sur l’archipel maltais, il n’existe ni rivière ni source d’eau naturelle importante. Depuis le néolithique à nos jours, comment les habitants de Malte et Gozo gèrent ils le défi de l’eau ?
L’eau du ciel des premiers habitants
Lorsque les premiers habitants arrivent de Sicile, ils découvrent une île calcaire, vierge et sans eau. Pour survivre dans un environnement si hostile, ils creusent des citernes dans le sol rocheux de l’archipel pour récupérer et stocker l’eau de pluie, là ou l’évaporation est moindre. Car si la pluie tombe en hiver, c’est au printemps et en été qu’elle est essentielle à l’agriculture. Les réservoirs d’eau les plus anciens de Malte sont à découvrir essentiellement près des temples mégalithiques ainsi qu’autour de Dingli.
Plus tard, les Arabes avec leur bonne connaissance de la gestion de l’eau, introduisent la construction de murets en pierre sèche, la culture en terrasse de plantes peu gourmandes en eau (caroube, olivier, agrumes, coton…) et améliorent les techniques d’irrigation.
L’Aqueduc Wignacourt des Chevaliers
Au fil des siècles, avec l’accroissement naturelle de la population, la technique des citernes ne satisfait plus les besoins des îliens. De plus, cette eau stagnante, souvent souillée, est un énorme vecteur de maladies.
Ayant décidé de bâtir La Valette, les Chevaliers installés à Malte depuis bientôt 100 ans, finissent par trouver l’ingénieur érudit, capable de drainer l’eau des hauteurs du plateau central de Malte et l ‘acheminer par canalisation souterraine, prolongée d’un aqueduc jusqu’à la nouvelle capitale ! Baptisé Aqueduc Wignacourt, ses arches de 1615 sont bien visibles à Santa Venera. En activité jusqu’au 19ème siècle, la médiocre qualité bactériologique de l’eau sera à l’origine d épidémies de choléra…
Par ailleurs, quand vous marchez sur les trottoirs de la Valette, vous verrez partout de grandes grilles au sol : ce sont les ouvertures qui permettaient de récupérer les eaux pluviales dans des réservoirs souterrains, le plus impressionnant : celui de la Casa Rocca Picolla à La Valette.
De petits lac et barrages sont bien créés durant la période Britannique mais se retrouvent totalement asséchées en été.
La solution venant de la Mer du XX ème siècle
Au 19ème siècle, d’autres méthodes sont expérimentées comme la distillation d’eau de mer en 1881 à Sliema et les forages dans les nappes phréatiques. Avec les avancées scientifiques et technologiques depuis les années 1970 , Malte ne connait plus ni pénurie ni coupure d’eau grâce aux trois usines de désalinisation qui utilisent la technique «osmose inversée ». L’eau hautement contrôlée en laboratoire est potable et buvable, bien que son goût ne plaise pas à tous…
La gestion de l’eau reste cruciale pour l’avenir de Malte car si les citernes ancestrales servent toujours dans les zones agricoles, les forages pompent trop les nappes phréatiques et les toits des nouvelles constructions ne sont pas souvent pourvus de récupérateurs en eaux pluviales.